25 mai, 2012

Cannes : L'“Amour” de Haneke, c'est l'euthanasie

La presse a beaucoup parlé du « bouleversant » film Amour présenté par Michael Haneke. Un Jean-Louis Trintignant vieillissant vit amoureusement aux côtés de sa femme, Emmanuelle Riva, 80 ans passés. Ils sont en parfaite osmose, partagent un même amour de la musique et une longue histoire d'amour et d'égards réciproques. Puis c'est le drame. Elle fait un AVC, devient grabataire, incontinente, démente. Admirablement, il s'occupe de sa femme, malgré l'incompréhension de leur fille.

Les critiques admirent la manière crue mais pas voyeuriste (vous avez remarqué ? Ce n'est jamais voyeuriste quand la critique aime un film !) dont Haneke ne cèle rien de son humiliation, filmant chaque geste de cette vie quotidienne où Trintignant ne cesse jamais de manifester son amour pour sa femme.

En dehors de cette complaisance de la caméra on pouvait presque s'attendre à un film magnifique.

N'était sa manière de présenter finalement la maladie comme une déchéance, l'état de l'épouse comme indigne, insupportable.

N'était son aboutissement.

Car – et bien des critiques se gardent de le dire – tout s'achève lorsque Trintignant, trop éprouvé par les souffrances de sa femme, pris d'une compassion vraie, seul capable de comprendre la volonté de cette femme démente et qui n'est plus elle-même, l'étouffe avec un coussin.

Parce qu'elle vivait comme « un légume ».

Parce que – on avait oublié de vous dire – ce geste-là, cette mise à mort, c'était ça, l'Amour. Parce que c'est un film sur l'euthanasie, ni plus, ni moins.

Après avoir remporté la Palme d'Or à Cannes en 2009, Haneke est décidément bien en piste pour l'édition 2012. Ah, s'il y avait un prix de la bien-pensance !

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