12 juillet, 2012

Royaume-Uni : mort accélérée pour les vieillards, nouvelles déclarations

Six médecins britanniques ont écrit une lettre ouverte au Daily Telegraph pour confirmer que le protocole de soins au mourants, « Liverpool Care Pathway » (LCP), qui inclut l'arrêt de certains médicaments, l'arrêt de la nourriture et de l'hydratation, et la sédation plus ou moins profonde, n'est pas toujours utilisé à bon escient et peut être choisie notamment pour des motifs économiques. Ils viennent ainsi corroborer les accusations lancées en juin par le Pr Patrick Pullicino à ce sujet – mais qui ont été souvent répercutées de manière inexacte. J'en rendais compte ici sours le titre : « Royaume-Uni : un professeur de médecine accuse la NHS de précipiter de très nombreux vieillards vers la mort tous les ans ». De nombreux blogs pro-vie avaient repris celui du Daily Mail – journal conservateur britannique à sensation – selon lequel le professeur accusait les services de santé d'achever ainsi les 130.000 personnes qui, tous les ans, sont soumis à ce protocole de soins. Une exagération éditoriale qui avait du même coup discrédité l'information.


Le protocole de Liverpool, comme le souligne le médecin pro-vie britannique Peter Saunders dans son blog, n'est pas généralement « cause » de la mort (il ne suffit pas qu'il précède le décès pour le précipiter), et il n'a pas pour but de causer la mort : si cela se produit, c'est en raison d'une « utilisation inappropriée » d'une procédure qui a pour but de soulager la douleur et l'angoisse alors que la mort est très prochaine. Il souligne que le protocole inclut des réévaluations fréquentes pour déterminer si le LCP doit être maintenu en place.


Il estime que les titres alarmistes à ce propos ont trois effets pervers : ils contribuent à propager des assertions qui ne sont pas fondés sur des faits, ils pourraient jouer en faveur du lobby de l'euthanasie en montrant que la légalisation de cette dernière ne changerait pas grand chose, et ils détournent l'attention du travail du lobby de l'euthanasie.


« Entre de bonnes mains, le LCP est un très bon outil clinique. Mais entre de mauvaises mains, ou utilisé pour le mauvais patient, n'importe quel outil peut faire plus de mal que de bien. »


Reste ce que le Pr Pullicino a réellement dit, et qui correspond à ce que je perçois, notamment aux Pays-Bas, comme une extension de la « gestion » médicale de la fin de vie par laquelle des vies peuvent être abrégées, notamment lorsque les soins deviennent coûteux, sans même se donner la peine de légaliser l'euthanasie.


Voici donc ma traduction de la lettre des six médecins au Daily Telegraph.

Monsieur, 
Des remarques faites à propos du « chemin de soins de Liverpool » (LCP) par le Pr Patrick Pullicino lors d'une conférence de l'Alliance de l'Ethique médicale ont suscité la controverse. 
Mais il n'a pas tort de dire qu'il n'y a pas de manière scientifique de diagnostiquer la mort imminente. Il s'agit essentiellement d'une prédiction. D'autres considérations peuvent aboutir à prendre une telle décision, la disponibilité de ressources hospitalières n'étant pas à exclure parmi elles. 
Depuis sa conférence, des personnes du public ont donné des exemples d'utilisation inappropriée du LCP (utilisé avec 29 % des personnes en fin de vie). La charge de la preuve selon laquelle la procédure est sûr et efficace, voire tout simplement indiquée, pèse sur ses auteurs, qui doivent fournir leurs preuves. 
La combinaison de la morphine et de la déshydratation est connue pour être létale, et la réévaluation toutes les quatre heures est sans objet si le patient se trouve dans un coma médicalement provoqué. Nul ne doit être privé de sa conscience si ce n'est pour les raisons les plus graves, et le régime médical doit suivre les normes reconnues telles qu'elles sont définies dans les formulaires nationaux. 
Chez les personnes âgées, la mort naturelle est plus souvent exempte de douleur et de détresse. La seule manière certaine de soulager la soif chez ceux qui sont conscients est d'administrer des fluides par la bouche ou, occasionnellement, par une autre voie telle l'administration sous-cutanée. 
La question du consentement informé est une autre considération majeure, et il n'est donc pas surprenant que des patients refusent le LCP aux termes de directives anticipées, ou portent des cartes indiquant qu'ils refusent cette forme de soins, comme une mesure d'auto-protection. 
Professor Peter Millard          
Chairman, Medical Ethics Alliance ( président de l'Alliance de l'éthique médicale)
Dr Rosalind Bearcroft
Dr Gillian Craig
Dr David Hill
Chairman, First Do No Harm (présidente de « Avant tout, ne pas nuire »)

• Voulez-vous être tenu au courant des informations originales paraissant sur ce blog ? Abonnez-vous gratuitement à la lettre d'informations. Vous recevrez au maximum un courriel par jour. S'abonner

© leblogdejeannesmits

Aucun commentaire:

 
[]