13 décembre, 2012

Faire des bébés sans père et sans mère avec les cellules souches induites

Une conférence scientifique internationale sur la sauvegarde de la fertilité des malades du cancer se tiendra en février prochain à Hong Kong, relève Michael Cook de BioEdge, avec pour objectif l'enseignement d'une technique permettant de créer des embryons à partir de cellules souches dites iPS (cellules souches totipotentes induites à partir de cellules adultes).

Il s'agit d'apprendre aux praticiens à obtenir la « néo-création » (sic) d'ovules et de spermatozoïdes en partant de la technique déjà utilisée sur des souris (j'avais commenté cela ici en décembre 2010). « Voilà la solution d'avenir pour les cas d'infertilité les plus compliqués, qui permettra de faire du sperme et des œufs à partir de cellules somatiques. Chez les souris, des portées normales ont pu naître grâce à cette approche. »

Michael Cook explique que la détermination de la paternité et de la maternité des embryons qui pourraient un jour résulter de cette technique sera un « casse-tête juridique ». Les spermatozoïdes pourraient être génétiquement liés à une personne qui pourrait aussi bien être un homme qu'une femme et les ovules créées à partir des cellules adultes d'une personne qui pourrait être une femme ou un homme. Mieux : on pourrait utiliser le sperme et les ovules obtenus d'une même personne pour créer un embryon.

Cette perspective passionne Evelyn Telfer, chercheuse en développement ovarien à Edinburgh, qui en prévoyait la possibilité dans une interview au New Scientist en expliquant : « Si vous preniez les cellules souches sur le même individu pour pourriez éviter la reproduction par voie sexuelle. »

A l'époque ou la découverte « éthique » du Pr Yamanaka, pionnier de la reprogrammation cellulaire et récent lauréat du prix Nobel pour ses travaux, la question de la sûreté des cellules iPS, qui à l'instar des cellules souches embryonnaires provoquent des rejets immunitaires, ainsi que de leur utilisation éventuelle pour obtenir les cellules de la reproduction humaine avaient été soulevées par le scientifique lui-même (voir ici sur ce blog). Dans le même message, je faisais écho aux inquiétudes d'un spécialiste canadien de l'éthique médicale, le Dr John Shea, qui précisait alors qu’on avait obtenu des cellules souches similaires au blastomère : « L’ennui avec le blastomère, si c’est cela qu’ils ont obtenu, c’est qu’il peut former un jumeau qui devient lui-même un embryon. »

Jusqu'ici il n'a pas été fait état de tels développements.

En revanche l'utilisation des iPS pour court-circuiter la reproduction humaine normale semble être en passe de devenir une réalité qui jette pour le moins une ombre sur la technique.

A la différence des cellules souches embryonnaires ou des iPS, les cellules souches adultes, pluripotentes (c'est-à-dire capables de donner seulement certains types de tissus ou d'organes selon leur provenance) restent les seules à éviter totalement les écueils éthiques et présentent déjà de nombreuses applications thérapeutiques réussies ou prometteuses.

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© leblogdejeannesmits



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