29 septembre, 2014

Espagne : un évêque pose les vraies questions sur l'avortement

Trouvé sur Religion en Libertad, ce texte décapant d'un évêque émérite espagnol, Mgr José Gea Escolano, parti comme missionnaire au Pérou. Lisez-le jusqu'au bout : chaque question posée par cet homme au franc-parler revigorant est importante. Il s'était exprimé sur le projet de loi Gallardon en soulignant qu'il ne clarifiait rien, puisqu'il partait comme la loi Zapatero du principe que le gouvernement a le droit de laisser supprimer une vie innocente.  – J.S.

Marche avant ou marche arrière pour la loi sur l'avortement ?

Le thème de l’avortement est d’actualité. On parlait beaucoup ces derniers jours de la question de
savoir si la loi d’avortement du gouvernement Zapatero allait être modifiée, si on allait la laisser telle quelle, si la promesse du PP allait s’accomplir, si le PP va perdre beaucoup de voix en faisant marche arrière, s’il faut rechercher un consensus… Ce qui est certain, c’est que le Président a dit qu’il retirait le projet de loi, qu’il est parti pour la Chine et qu’immédiatement, le ministre de la Justice a démissionné.
Les partisans de l’avortement semblaient attendre la réforme de la loi pour pouvoir se jeter comme des hyènes furieuses dans la mêlée pour défendre l’avortement, et d’autres semblaient espérer que la réforme ne soit pas mise de côté parce qu’en ce cas ils cesseraient de voter pour le PP. On allait vers un vrai bazar. Chacun sait à quoi s’attendre et se prépare en conséquence.
Dans cet article je me propose de poser juste quelques questions pour que chacun y réponde en cherchant la vérité, en laissant de côté ce qui relève de ma vérité et de ta vérité, parce que la vérité est une et qu’elle coïncide avec le bien ; et le bien n’est ni à moi ou à toi, c’est le bien commun.
Allons-y donc pour les questions :
1. Qu’est-ce que l’avortement ? L’élimination de la vie d’un être humain pendant qu’il grandit dans le sein maternel. Non ?
2. Le gouvernement a-t-il la faculté de permettre la destruction d’un être humain conçu mais pas encore né, c’est-à-dire du nasciturus ? Il croit l’avoir depuis 1985 où il a commencé à s’arroger la faculté de supprimer des vies humaines innocentes.
3. Ce qu’il y a dans le ventre d’une femme enceinte, est-ce ou non un être humain, l’enfant de la femme qui l’engendre ? Et si c’est d’une femme, qu’est-ce ? Certainement pas un petit chevreau !
4. La femme a-t-elle le droit d’avorter son enfant ? Parce que, une fois avorté et même si on appelle par euphémisme l’avortement « interruption volontaire de la grossesse », ce qui est avorté n’est-il pas définitivement un enfant mort ?
5. Le père ne compte-t-il pour rien par rapport à l’avortement, ou non, de son enfant ? Le père n’a-t-il pas droit à son enfant ? Pourquoi la loi ne le protège-t-elle pas pour qu’il exerce son droit de paternité s’il veut empêcher l’avortement ?
6. Selon l’actuelle loi d’avortement, toute femme ne peut-elle pas avorter, comme ça, parce que, sans plus, parce qu’elle en a envie ? C’est bien qu’on lui a reconnu le droit de tuer son enfant, comme si cette vie était sa propriété.
7. Pour beaucoup, l’avortement, c’est le progrès ; mais le progrès vers où ?
8. Si ce que cherche notre gouvernement, c’est le consensus, si l’on pouvait s’adresser l’enfant pour qu’il y ait un consensus, que dirait-il ?
9. Si nous savons tous que des lois assassines ont été votées par des majorités parlementaires (rappelons-nous Staline ou Hitler et tant d’autres monstrueux génocides), pourquoi tolérons-nous, impassibles, que l’on approuve des lois perverses et pourquoi ne condamnons-nous pas les milliers d’avortements qui se commettent en Espagne ?
10. D’où pensent-ils qu’un gouvernement peut obtenir le droit de permettre que n’importe qui puisse supprimer légalement les vies innocentes des plus faibles et sans défense dans le sein maternel ?
11. Serait-il juste de faire approuver par la majorité le droit de la femme maltraitée par son mari ou son compagnon de le tuer comme un injuste agresseur ? Et le bébé, lui, n’attaque ni ne blesse sa mère, il lui donne juste des petits coups de pied pour attirer son attention à mesure qu’il grandit.
12. Les soi-disant gens de progrès qui approuvent l’avortement, toléreraient-ils qu’on enlève la vie à l’un de leurs enfants ? Lequel : le nouveau-né, celui de deux ans qui n’arrête pas de pleurer, ou l’adolescent qui va boire en troupeau dans la rue ?
13. Si on ne peut pas tuer l’enfant handicapé qui vient de naître, pourquoi peut-on le tuer avant qu’il naisse ?
14. Un Président du gouvernement comme l’actuel qui, avec la majorité absolue, maintient une loi par laquelle s’autorise la suppression de milliers et de milliers de vies humaines innocentes, à qui ressemble-t-il le plus, à Hérode, à Esaü vendant son droit d’aînesse pour un plat de lentilles, ou à Judas, qui a vendu Jésus pour 30 pièces d’argent ?
15. Si le motif pour ne pas changer la loi d’avortement a été l’absence de consensus, M. le Président pense-t-il qu’il viendra plus tard, qu’ils gagnent ou qu’ils perdent les futures élections ?
16. Et comment ont réagi ces ministres du gouvernement de Rajoy qui se déclarent publiquement catholiques ? Croient-ils qu’ils peuvent continuer de collaborer comme membres du gouvernement à l’« holocauste silencieux » de l’avortement ? Ne sont-ils pas coresponsables ?
17. Que dirait l’enfant à sa mère si elle se convertissait par la suite et que, étant pardonnée, elle allait au ciel ? Je crois qu’elle lui dirait quelque chose comme ceci : « Maman, combien j’ai eu envie de te serrer très fort dans mes bras. Dès que je suis venu au ciel, j’ai dit au Père, en imitant Jésus : Père, pardonne à ma maman car elle ne sait pas ce qu’elle a fait. »
Mgr José Gea Escolano
Mgr Gea, né en 1929, a été évêque d’Ibiza et de Mondoñedo-Ferrol. Parti à la retraite en 2005, il est parti comme missionnaire au Pérou au nord de Lima, dans une paroisse où il confesse en moyenne six heures tous les dimanches, et quelques heures chaque jour de la semaine.
 Il anime sur Religion en Libertad le blog « Un obispo opina ».

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© leblogdejeannesmits



1 commentaire:

Babar a dit…

Sauf erreur, l'on ne retrouve pas dans toutes ces questions la protection des droits des citoyens opposés à l'avortement. Pourquoi un État aurait-il le droit d'obliger tous les citoyens à payer pour les avortements ? Pourquoi un État aurait-il le droit de prélever, sur l'argent de tous les citoyens destinés aux malades, une part importante pour financer les avortements ? Tomber enceinte n'est pas tomber malade, c'est un signe de très bonne santé.
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Je ne comprends pas que les organisations de défense de la vie ne saisissent pas les autorités en charge des droits de l'homme, pour faire cesser cet arbitraire des États. Les droits de l'homme ont en effet été publiés pour protéger tous les citoyens contre cet arbitraire. Obliger des citoyens à payer pour des choix personnels d'autres citoyens, qu'y a-t-il de plus arbitraire de la part d'un État ? Pourquoi alors ne pas faire financer le choix personnel de la cigarette sur le budget de la Santé publique ? Si la cigarette tue lentement, l'avortement tue immédiatement.

 
[]