07 avril, 2012

Le cardinal Schönborn et l'homosexuel

Florian Stangl (source : ici.)
Florian Stangl a 26 ans. Il est non seulement homosexuel, ce qui pourrait rester de l'ordre de l'intime, mais il a conclu un partenariat civil avec un ami qui est son concubin officiel. Stangl est également catholique, très engagé auprès des enfants handicapés en tant que salarié de Caritas Autriche. Dans un pays où la contestation ecclésiale fait rage, Stangl a aussi un rêve : faire partie du conseil paroissial du petit village de Stützenhofen. Et apparemment, dans son village, nul n'y a trouvé à redire : lors de la dernière et toute récente élection paroissiale, il a recueilli 96 voix sur 142, plus que n'importe qui d'autre.

Le curé de la paroisse, considérant que les conseillers paroissiaux sont censés accepter l'enseignement et la discipline de l'Eglise – ils signent même généralement un engagement à cet effet, mais cela n'avait pas été fait par les candidats de Stützenhofen – a immédiatement opposé son veto. Une source affirme même qu'il avait prévenu Stangl la veille de l'élection que sa candidature n'était pas recevable dans la mesure où il vit publiquement d'une manière contraire aux valeurs évangéliques. Une autre source assure que le P. Gerhard Swierzek lui a également demandé de ne plus s'approcher de la communion. Le curé en a donc référé à son archevêque, le cardinal Schönborn qui, dans un premier temps, lui a donné raison. Contre la volonté de ses paroissiens qui ont pris fait et cause pour leur jeune élu.

Au vu de cette fronde le cardinal a décidé de recevoir Florian Stangl – avec son compagnon, s'il faut en croire le blog de Philippe Clanché, journaliste à Témoignage chrétien. Et il a décidé de confirmer son élection, « en pasteur plein d'humanité et de finesse » comme l'assure Clanché. Swierzek est désavoué. Les exigences de l'Eglise sont repoussées au second plan. L'important, c'est la fête !

Le 30 mars, le cardinal Schönborn a publié le communiqué suivant que j'estime intéressant de traduire in extenso.
Le cardinal Schönborn 
lors d'une messe « jeune »
Je remercie les nombreux candidats aux élections au conseil paroissial. Par leur candidature, ils ont fait montre de leur souci de l'Eglise et de la foi. Ils témoignent ainsi de la vitalité de l'Eglise. Dans leur diversité, ils reflètent la diversité des vies et des voyages de foi aujourd'hui. Ainsi il y a beaucoup de conseillers paroissiaux dont le style de vie n'est pas en tous points conforme aux idéaux de l'Eglise. Au vu du témoignage de vie donné par chacun et pris dans son ensemble, et leur engagement d'essayer de vivre une vie de foi, l'Eglise se réjouit de leurs efforts. Ce faisant, elle ne remet pas en cause la validité de ses idéaux. 
Dans la petite communauté de Stützehhofen, que je tiens en grande estime, il y a une vive participation à la vie de l'Eglise y compris parmi la jeune génération. Un signe en est l'importante participation aux élections au conseil paroissial. Les erreurs formelles qui ont été mis au jour lors de cette élection ne remettent pas en cause (où le plus jeune candidat, Florian Stangl, a reçu le plus de voix). 
J'ai pu avoir une conversation personnelle avec Herr Stangl, et j'ai été profondément impressionné par son attitude de foi, sa discrétion, et son engagement vécu par rapport au service. Je puis donc comprendre pourquoi les habitants de Stützenhofen ont voté d'une manière aussi décidée pour sa participation au conseil paroissial. 
Aujourd'hui lors du conseil de l'évêque (Bischofsrat) nous avons discuté le cas complexe de Stützenhofen, et  avons pris à l'unanimité les décisions suivantes : 
1. La direction du diocèse ne remet pas en cause la validité de l'élection, ni ses résultats. 
2. Le conseil de l'évêque ordonne une révision des règles applicables aux élections aux conseils paroissiaux en vue de clarifier les pré-requis pour la candidature dans le contexte d'une délibération qui se poursuit à propos de la nature et des buts des conseils paroissiaux.


Tout y est : la Novlangue, le relativisme, le jeunisme, la démagogie, l'adulation de la démocratie dans l'Eglise. Non ?

Florian Stangl, ce modèle de discrétion, a donné des interviews à la presse pour justifier sa position. Où il explique qu'à son avis, « poser l'exigence d'une vie chaste, c'est relativement éloigné de la réalité de la vie ; combien de personnes vivent vraiment chastement ».

Apparemment le cardinal l'a bien voulu entendre.

Et disparaît d'un coup la notion de scandale public. Celle-ci n'est pas une façon de mettre tel ou tel au pilori, mais elle vise à éviter que l'absence de réaction face à un comportement manifestement contraire aux exigences de la foi donne à d'autres l'impression que finalement cela n'est pas si grave, ou est même acceptable. Pousser autrui à mal agir en somme.

Disparaît en même temps la distinction entre les comportements inacceptables pour des tas de raisons – et certes nul n'est parfait – et ceux que la morale traditionnelle qualifie de « contre nature ».

Et se trouve par le fait relativisée l'oppositionde l'Eglise, au nom de la simple loi morale naturelle, à l'institutionnalisation des unions homosexuelles.

Florian Stangl, ce modèle de discrétion, a choisi très délibérément de rendre publique son union avec son ami Alexander. Au point qu'il a invité plus de la moitié de son village à la mairie pour fêter la signature de leur union civile. Et que, devant la déclaration de son curé qu'il ne devait pas recevoir la communion, il a crié à la « discrimination ».

Tiens, on l'attendait, celle-là.

Voilà belle lurette que j'entends d'autres cardinaux dire leur crainte de voir bientôt des catholiques martyrisés au nom de cette non-discrimination.



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