14 avril, 2013

Le cardinal Schönborn au secours de l'union civile des homosexuels ?

Le journal catholique anglais The Tablet rapporte que le cardinal Schönborn a déclaré lors d'une conférence à Londres que les partenariats de même sexe doivent être respectés voire bénéficier d'une protection sur le plan de la loi civile.

Cette déclaration, telle qu'elle est rapportée par le journaliste et corroborée en substance par un prêtre présent, a d'ores et déjà été citée avec la satisfaction qu'on devine par un site soutenant que l'Eglise acceptait et même bénissait les amitiés homosexuelles jusqu'à l'Inquisition, et qui milite pour la reconnaissance des partenariats homosexuels, Queering the Church.
« Il peut y avoir des partenariats de même sexe et ils ont besoin de respect, et même de protection  dans le cadre de la loi civile. Oui, mais s'il vous plaît, éloignez cela de la notion de mariage. Parce que la définition du mariage est l'union stable entre un homme et une femme ouverts à la vie. Nous devons être clairs sur les termes et respecter les besoins de personnes qui vivent ensemble en partenariat. Ils méritent le respect », a déclaré l'archevêque de Vienne selon The Tablet, alors qu'il répondait de manière informelle aux questions de l'auditoire lors d'une conférence au National Gallery.
Il s'agit là d'une déclaration qui contredit formellement l'expression la plus récente et la plus complète de  l'enseignement de l'Eglise sur la reconnaissance des unions civiles homosexuelles, due à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Le document en question – datant du temps où le cardinal Ratzinger était à la tête de cette Congrégation – avait reçu le plein aval de Jean-Paul II et était publié sous son autorité explicite.

On y lit notamment :
« Les législations favorables aux unions homosexuelles sont contraires à la droite raison car elles confèrent des garanties juridiques, analogues à celles de l'institution matrimoniale, à l'union entre deux personnes du même sexe. Étant donné les valeurs en jeu, l'État ne peut légaliser ces unions sans manquer au devoir de promouvoir et de protéger le mariage, institution essentielle au bien commun. »
Et ensuite :

« On peut demander comment peut être contraire au bien commun une loi qui n'impose aucun comportement particulier, mais qui s'en tient à rendre légale une réalité de fait qui apparemment ne semble comporter aucune injustice envers personne. À ce propos, il convient de réfléchir d'abord à la différence qui existe entre le comportement homosexuel comme fait privé, et le même comportement comme relation sociale prévue et approuvée par la loi, au point de devenir une des institutions du système juridique. Non seulement le second phénomène est plus grave, mais il revêt une portée beaucoup plus vaste et plus profonde, et il finirait par entraîner un changement de l'organisation sociale tout entière, qui deviendrait contraire au bien commun. Les lois civiles sont des principes structurants de la vie de l'homme au sein de la société, pour le bien ou pour le mal. Elles «  jouent un rôle de grande importance et parfois déterminant dans la formation des mentalités et des habitudes  ». Les formes de vie et les modèles qui y sont représentés, non seulement façonnent extérieurement la vie sociale, mais tendent à modifier la compréhension et l'évaluation des comportements dans les nouvelles générations. La légalisation des unions homosexuelles aurait donc comme résultat l'obscurcissement de la perception de certaines valeurs morales fondamentales et la dévaluation de l'institution matrimoniale. »

La conclusion est claire elle aussi :

 « L'Église enseigne que le respect envers les personnes homosexuelles ne peut en aucune façon conduire à l'approbation du comportement homosexuel ou à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles. Le bien commun exige que les lois reconnaissent, favorisent et protègent l'union matrimoniale comme base de la famille, cellule primordiale de la société. Reconnaître légalement les unions homosexuelles ou les assimiler au mariage, signifierait non seulement approuver un comportement déviant, et par conséquent en faire un modèle dans la société actuelle, mais aussi masquer des valeurs fondamentales qui appartiennent au patrimoine commun de l'humanité. L'Église ne peut pas ne pas défendre de telles valeurs pour le bien des hommes et de toute la société.
A quoi joue donc le cardinal Schönborn ? Il faut savoir que pour lui le jeu n'est pas nouveau, vu qu'il a déjà par le passé donné des signes d'« ouverture » aux homosexuels, désavouant publiquement un prêtre qui avait voulu écarter un homosexuel vivant ouvertement en couple avec son ami de son conseil paroissial. En 2010, le cardinal avait – à l'intense satisfaction de Queering the Church – mis la sourdine sur l'enseignement de l'Eglise sur les actes homosexuels en soulignant la qualité humaine des relations entre personnes, fussent-elles de même sexe, et demandant davantage de « respect » pour ces amitiés, rappelle LifeSite.

Bien sûr, la presse internationale et catholique-progressiste rapproche ces déclarations d'une volonté qu'elle attribue au pape François de « négocier » en 2010 le refus du « mariage » homosexuel en Argentine moyennant l'acceptation par l'Eglise catholique du pays des unions civiles. Selon des propos rapportés par le biographe du cardinal Bergoglio, celui-ci aurait été mis en minorité par les autres évêques d'Argentine et n'aurait jamais fait publiquement état de sa proposition ; celle-ci a bien existé, affirme aujourd'hui John Allen du très libéral Catholic News Reporter, citant deux sources anonymes de la Conférence épiscopale argentine et deux journalistes. Mais un proche du cardinal assure le contraire.

Si les déclarations de Schönborn ont été correctement rapportées, il est clair qu'elles sont directement contraires à ce qu'il nous est – au moins jusqu'ici – demandé de croire et d'accepter.

Elles introduisent une ambiguïté fondamentale qui doit se lire à la lumière de l'interdiction de « scandaliser » les petits, car elles distillent l'idée selon laquelle l'amitié homosexuelle fondée sur une attirance désordonnée mérite le « respect » en tant que telle et suggère que les actes s'y intègrent puissent être bons ou bonifiés par l'amour mutuel.

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© leblogdejeannesmits



1 commentaire:

Remyecolemaison a dit…

Ce ne sont ni l'ennemi, ni les vaniteux, ni les imbéciles qui sont un obstacle comme je viens de le lire sur Bd Voltaire, mais ceux qui ne se lèvent qu'à moitié. Pour envoyer des mails, faire des articles, battre le pavé parisien, les cathos sont forts, mais est-ce là un véritable combat ? Est-ce proportionné à l'attaque extrême des gouvernements mondiaux ligués ? Que répondent les cathos à l'appel du combat? Ils se trouvent trop facilement satisfaits de leurs manifs façon années 80, mais pour le reste n'ont qu'une inquiétude: passer pour des "fascistes" ou des "radicaux".
Ne sont-ils pas devenus prudents jusqu'à la lâcheté ? Et jusqu'à refuser qu'on condamne l'homosexualité en tant que telle, par exemple, et non seulement sous forme de "mariage" ? Et jusqu'à refuser de déborder les services de sécurité socialistes ?
Seraient-ils mièvres, tièdes, polis, corrects, convenus, réservés et si délicieusement gentils ?
je le crois. Dès lors, qui irait se battre pour se retrouver seul, et peut-être même dénoncé par ceux qui, effrayés de cette audace hors du bac à sable, seraient plus empressés de se blanchir aux yeux de l'ennemi que de se tâcher de leur propre sang martyr ?

 
[]