09 septembre, 2014

Wendy Davis, candidate démocrate au Texas, raconte son traumatisme post-avortement

La candidate démocrate au poste de gouverneur du Texas, Wendy Davis, raconte dans un livre de souvenirs paru cette semaine qu’elle a choisi d’avorter deux fois dans sa vie. Dans un cas, il s’agissait d’une grossesse ectopique menaçant directement sa vie : selon la méthode employée, il a pu ne pas être question d’un avortement, dans une situation où l’embryon ne peut se développer et où sa mort n’est pas recherchée. Mais dans l’autre, un « avortement médical » sur un enfant à naître affecté de graves malformations cérébrales, il s’agit bien de la mise à mort délibérée d’une petite fille à qui ses parents avaient d’ailleurs déjà donné un prénom : Tate Elise.
Cet avortement a été synonyme de souffrances profondes : une fois l’avortement consommé, Wendy Davis raconte avoir ressenti « une noirceur indescriptible ». « C’était un désespoir, une douleur profonde, une lourde vague qui m’écrasait, à croire que je ne referai plus jamais surface… Et lorsqu’enfin j’ai émergé, j’étais devenue quelqu’un de différent. Changée. Changée pour toujours » ajoute-t-elle.
Ce fut, dit-elle, une décision horrible à prendre. Avec celui qui était alors son mari – Davis a divorcé deux fois – elle a suivi par échographie la mise à mort de son bébé, voyant son cœur arrêter de battre au moment où le médecin le « faisait taire ». « C’était fini. Elle était partie. Notre bébé tant aimé était parti. »
Paradoxe : Wendy Davis est une partisane très active de l’avortement légal, et si elle raconte ce désespoir, cette souffrance qui atteste du traumatisme profond provoqué par un acte qui tue, c’est pour mieux se poser pour sa course électorale. Dans un Etat conservateur où surgissent régulièrement des initiatives politiques pour restreindre, voire interdire presque totalement l’accès à l’« interruption volontaire de grossesse », la candidate a voulu montrer que son parcours la rend apte à comprendre les difficultés des femmes puisqu’elle les a traversées. En deux mots : elle pleure ses enfants morts, mais ne regrette rien.
Si Wendy Davis se dit opposée aux avortements tardifs, la candidate démocrate a systématiquement voté en tant que sénatrice du Texas contre toutes les mesures destinées à mieux informer les femmes sur la réalité de l’avortement – comme l’obligation de voir une échographie de leur enfant à naître – et c’est elle qui a bloqué en 2013 une première tentative de faire interdire les avortements au-delà de 20 semaines. Son « filibuster » – un discours interminable – avait été qualifié d’« héroïque » par les partisans du droit à l’avortement : elle avait parlé pendant onze heures d’affilée, pour tenir jusqu’à minuit au dernier jour de la session parlementaire, pour empêcher le vote sur la mesure. Celle-ci a été, depuis, adoptée.
La publication de son livre – Forgetting to be afraid – est perçu dans les milieux pro-vie américains comme une manière de justifier l’injustifiable en mettant l’accent sur l’« amour » porté à l’enfant tué, en présentant la décision d’éliminer un enfant gravement handicapé comme ayant été prise dans la douleur, mais dans son intérêt. « Je suis fière du voyage de ma vie, et je suis fière de l’avoir partagée avec les Texans », a déclaré la candidate, promettant de se battre pour eux comme elle s’est toujours battue pour sa propre survie, au cours d’une vie difficile marquée par le divorce de ses parents, la pauvreté et même une tentative de suicide manquée de sa mère qui avait prévu d’emmener ses deux enfants dans la mort.
Ce faisant, Wendy Davis s’est attirée – fort habilement, disent ses adversaires – la sympathie de tous : le candidat républicain, Greg Abbott, a évoqué la « douleur indicible » causée par la mort d’un enfant, disant toute sa compassion à l’égard de sa concurrente.
Candidats anti-avortement et mouvements pro-vie soulignent cependant que le plus important de l’histoire de Wandy Davis est bien ce traumatisme lié à l’avortement, qui se manifeste chez les femmes par des risques accrus de dépression, tendances suicidaires, abus d’alcool et usage de stupéfiants, ou divorce, par rapport à celles qui ont mené leur grossesse à terme ou qui ont subi une fausse couche.
Joe Pojman, de la Texas Alliance for Life, a exprimé sa sympathie à l’égard de la candidate démocrate mais il a ajouté que son mouvement « ne recommande pas l’avortement d’un enfant souffrant d’une anomalie sévère » : « De même que nous ne pouvons recommander la destruction d’un nouveau-né qui souffre d’un grave handicap. Ce sont tous les deux des enfants », a-t-il déclaré.
Wendy Davis bénéficie pour sa campagne de nombreux financements de personnalités ou de groupes favorables à l’avortement : ses plus importants donateurs – telle l’organisation pro-avortement « Emily’s List » – sont montrés dans le diaporama visible ici.

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