12 novembre, 2014

Soirées « congélation d’ovules » : la soirée Tupperware façon Silicon Valley

Aimée Eyvadazzeh
On apprenait à la mi-octobre que Facebook et Apple ont décidé de financer la congélation d’ovules pour leurs employées pour leur permettre de mieux « gérer » leur carrière. A Silicon Valley, une « experte de la fertilité » a lancé des réunions en soirée, autour d’un verre de vin et de petits fours salés, pour inciter les femmes à franchir le pas. On appelle cela des « egg-freezing parties », ou soirées « congélation d’ovules », où – à la manière d’une réunion Tupperware ou Flexipan – ces dames peuvent obtenir les renseignements nécessaires et poser toutes les questions qui leur viendraient à l’esprit.
Cette semaine, le Dr Aimée Eyvazzadeh a programmé trois soirées spécialement organisées pour les employées des compagnies high-tech qui travaillent toute la journée et sortent tard. Elle surfe ainsi sur la vague créée par les employeurs qui désormais incluent la technique dans leur offre d’assurance santé : pour laisser le choix aux femmes, comme ils disent, ou plutôt pour s’assurer qu’elles ne quittent pas leur poste pour aller bêtement procréer à l’heure où la nature leur donne une fécondité (et une énergie) maximales.
La « murmureuse des ovules » – c’est ainsi qu’elle se désigne – propose une remise de 10 % sur la procédure à toute femme qui participe à une telle réunion. A 15.000 $ l’opération, cela fait une jolie réduction. Quant aux femmes qui acceptent d’organiser une soirée à domicile, elles peuvent obtenir une remise encore plus importante : « significative ».
« C’est la version 2014 de la réunion Tupperware. J’ai pensé que ce serait une manière amusante de promouvoir la sensibilisation sur la fertilité avant qu’il ne soit trop tard », assure le Dr Eyvazzadeh, qui a organisé sa première soirée lundi à Piperade, San Francisco. Elle a bien insisté sur le fait qu’il était nécessaire de subir une intervention chirurgicale. Et que la fertilité commence à décliner dès 25 ans. Mais cela revient deux fois moins cher que de faire appel à une donneuse !
De quoi convaincre une jeune femme de 22 ans, scientifique dans une entreprise de biotechnologie, qui envisage de se soumettre à la procédure. On suppose en effet que les présentations ne s’attardent pas sur l’inconfort (litote…) du processus de stimulation hormonale.
D’autres médecins spécialistes de la fertilité humaine sont d’ailleurs plus prudents : avoir des œufs congelés n’est pas une garantie de grossesse future car chaque ovule récupéré n’a qu’une chance sur 20 d’aboutir à une naissance.
En attendant la méthode fonctionne – pour la vente : le marketing par réunion, où un produit est vanté par des proches, est bien plus efficace que la publicité générale. Tupperware n’est pas aussi démodé que les esprits forts voudraient le faire croire, et chez des personnes qui passent leur vie derrière des claviers d’ordinateur, le fait de discuter en chair et en os est au contraire vécu comme « innovant ».
En même temps, l’approche est dans l’air. Les entreprises de la Silicon Valley sont en pointe dans l’ingénierie sociale : à la manière d’une Najat Vallaud-Belkacem (à moins que ce ne soit l’inverse) ils font pression pour rendre hommes et femmes interchangeables. Sans doute estiment-elles la chose profitable pour le commerce et les affaires. Facebook propose déjà un bonus de 4.000 $ pour chaque enfant né et adopté, quatre mois de rémunération de congé… paternel et une subvention pour la mise en crèche.
Ce n’est plus Big Brother, mais Big Father…

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