24 avril, 2015

Espagne : le cardinal Cañizares se dit « blessé, peiné et surpris » par la « mini-réforme » de l’avortement

Le cardinal Cañizares (photo : Catholic News Agency).
L’archevêque de Valence, en Espagne, le cardinal Antonio Cañizares, a critiqué ce qu’il appelle la « mini-réforme » de l’avortement votée en première lecture par les Cortes à la demande du gouvernement. Elle se borne à rétablir le principe du consentement parental pour les avortements sur mineures de 16 et 17 ans (avec décision finale par le juge en cas de désaccord), laissant en vigueur la loi Aido votée sous Zapatero. Le cardinal s’est dit « très blessé, peiné et surpris, tout simplement dans ma condition d’homme de foi, de raison, et en tant que citoyen d’un pays comme le nôtre ».
« Nous devons dire “oui” à l’homme si nous voulons qu’il y ait un avenir », lance le prélat dans sa tribune hebdomadaire dans La Razón, où il appelle les « juges, les experts des lois, médecins et penseurs » à « se manifester pour prendre la défense de l’homme, de ces enfants qui ne naîtront pas, et qui comptent pour si peu dans la loi en vigueur, qui est au fond, d’une certaine manière, confirmée par la réforme minime que le Partido Popular introduit dans son contenu. »
La mini-réforme à « déconcerté » un grand nombre de personnes de manière « notable ». Le cardinal Cañizares évoque les « conséquences imprévisibles » de la mini-réforme. « On ne joue pas avec le droit à la vie, il n’est pas négociable », a dit celui qui porte le sobriquet de « mini-Ratzinger » en raison de sa petite taille et de sa grande clarté d’expression et sûreté de doctrine.
Imagine-t-on pareille franc-parler de la part de la hiérarchie catholique en France à propos de l’« IVG » ? Le cardinal Cañizares accuse vivement le gouvernement de Mariano Rajoy, affirmant que celui-ci, « en oubliant ses principes, en se dédisant par rapport à des gestes antérieurs, revenant sur ses promesses électorales, a approuvé une réforme minime, plus réelle qu’apparente (sic), de la loi en vigueur qui consacre le droit à l’avortement ».
Rappelant que ce même gouvernement l’avait en son temps jugée « inconstitutionnelle », le cardinal souligne que Rajoy et les siens avaient souligné alors « qu’on le veuille ou non, l’avortement a à voir avec la mort violemment provoquée d’un être humain innocent, fragile et sans défense : l’enfant ».
« Avec l’avortement provoqué on ne construit rien, on ne guérit rien, on n’engendre ni vie ni santé, on ne fait que détruire un être humain, tout en sapant les fondements même de la société formée par des êtres vivants sur la base d’un état de droit », renchérit le cardinal Cañizares.
« Il n’existe pas et il ne peut exister aucun droit à éliminer la vie, ni la sienne propre ni encore moins celle d’autrui, et d’autant moins que celui-ci est innocent, faible et sans défense », affirme-t-il encore en rappelant les paroles vigoureuses du PP contre la loi Aido qu’aujourd’hui la mini-réforme « consolide ».
« J’ignorais totalement que le Partido Popular eut changé de manière aussi radicale à l’égard d’un texte qu’il avait réprouvé en son temps et qui appartient à l’idéologie de l’opposition. L’avortement, il faut l’affirmer encore une fois, constitue la violation du droit le plus fondamental et sacrosaint des Droits de l’Homme : le droit à la vie, ancré au plus profond de la dignité inviolable de tout être humain, base de la coexistence des hommes, base de la société », écrit-il.
« L’avortement viole le “tu ne tueras pas” absolu inscrit au cœur de la nature humaine et qui appartient à la “grammaire commune” de l’être humain : l’avortement est la défaite de l’humanité, de l’état de droit et de l’Etat démocratique, de la médecine, de la justice – de tous en un mot. »
Le cardinal Cañizares prévoit les « graves conséquences » de la sanction de la loi sur l’avortement par le gouvernement au pouvoir en Espagne : « Entre autres, un relativisme brutal – véritable dictature – qui dévore et qui mine le ciment éthiqiue de la coexistence sociale, qui mène vers un horizon de vie et de sen ou rien n’est vrai, bien et juste en soi, et qui engendre une mentalité incapable de percevoir ce qui correspond à la nature, ce qui est objectif et valide en soi et pour soi, incapable d’appréhender des principes stables et universels. »
Cette loi qui prétend instaurer la liberté finit par refuser la liberté de conscience, poursuit le cardinal Cañizares : « On y retrouve aussi l’“idéologie du genre” (…), une véritable révolution culturelle où bien peu de choses restent debout. »
« Je ne peux pas me taire », conclut le cardinal, au nom de son « honnêteté intellectuelle » et de sa loyauté à l’égard de ceux qui exercent le pouvoir, mais aussi du « peuple » d’Espagne qui comme tous les autres, a besoin de vérité – et qui a la chance de l’entendre proclamer.

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© leblogdejeannesmits



1 commentaire:

Tonio a dit…

A l'attention de Madame Jeanne Smits,

Aux USA les évêques ont mené un bras de fers contre l'Obama Care qui imposait aux diocèses et structures catholiques le financement d'une couverture sociale comprenant fourniture de remboursement de contraceptifs et d'abortifs.
En France, au 1er janvier 2016 tout employeur devra fournir et payer à minima à hauteur de 50% une mutuelle à l'ensemble de ses salariés ; associations diocésaines et sociétés filiales de ces associations, associations catholiques, comprises.
Savez-vous si la situation est similaire, si sont comprises dans le socle de base à fournir des actes contraires à la morale catholique ?
Savez-vous quelles précautions, dispositions, mesures... ont prises les divers employeurs catholiques ?

 
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